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Chantal Duchesne du 24 au 31 mai 2012

Le réalisme magique de Chantal Duchesne

 

« Depuis mon enfance, je croyais avoir tout essayé, enfin presque tout : le fusain, la sanguine, la peinture à l’huile, la gouache, l’aquarelle, la peinture sur bois, par jeu plus que par passion et toute seule, histoire de voir si j’étais capable de… Jusqu’au jour où une connaissance m’invita à l’accompagner à un cours de peinture sur porcelaine… ». Ainsi commença l’aventure d’une pratique artistique que Chantal Duchesne créa - oui, pour une large part elle s’en fit la créatrice, tant les canons habituels de la peinture sur porcelaine s’échappaient des oeuvres présentées aujourd’hui à Genev’ArtSpace.

 

Avant même la mise au point d’une technique, l’artiste ne se sentait guère attirée vers la production d’objets artisanaux tels qu’on les découvre dans le champ de la peinture sur porcelaine : services de table, pieds de lampes et autres bonbonnières qui l’entouraient et s’ornaient de Vieux Nyon, Zürich ou Meissen, certes magnifiques, mais dont la créativité est plutôt « bridée ». « Plutôt que de me contraindre  à élaborer des guirlandes de petits bouquets de fleurs, Madeleine Stalder, professeur remarquable, laissa libre court à mon interprétation des sujets choisis, et les objets délicatement arrondis firent place à des tableaux représentant portraits, paysages, animaux, marines, natures mortes, etc. ». Non seulement les sujets s’éloignèrent des conventions de la représentation florale ou décorative, mais une technique s’élabora hors des sentiers battus.

 

« Peu de teintes me sont nécessaires car je les mélange beaucoup entre elles ; je peins en couche assez épaisse (et prie avant chaque cuisson !) et je cuis d’ailleurs le moins possible - deux cuissons par tableau le plus souvent - la seconde couche n’étant qu’une mise au point, au demeurant très importante lorsqu’il s’agit de donner du relief, du volume, de la profondeur suscitant l’envie de saisir l’objet dans le tableau ». En amont, peu de matériel est requis : Quatre pinceaux ; quelques tampons de mousse pour unifier de plus grandes surfaces et quelques autres accessoires pour les finitions. Donner beaucoup avec peu de moyens…

 

Que peut dire aujourd’hui la modestie d’une pratique « classique » parmi les tonitruances de l’art contemporain ? En fait, beaucoup. Dans un monde chahuté,  perturbé, décérébré par le tout-venant d’une actualité aussi vite proclamée qu’emportée, la présentation, la « monstration » d’un art aux repères familiers devraient trouver un public attentif et friand de réponses stabilisantes. Pourtant, l’art de Chantal Duchesne ne s’assimile pas à la mièvrerie d’œuvres aux séductions faciles. La réalité nous est certes donnée avec beaucoup de minutie, mais le regard de l’artiste transpose ce monde de paysages, d’objets, de victuailles, de bouteilles vers un réalisme magique qui devrait charmer le public de la présente exposition.

 

Chantal Duchesne a exposé à Palexpo Genève en 2001 et 2002, à la Fondation Gianadda Martigny en 2002, 2003 et 2004, à Monte Carlo en 2003 où elle obtint un premier prix ainsi qu’à la galerie d’Art et d’Essai du Vieux-Logis à Yvoire en 2005 et 2008.

 

Source: Michel Aebisher

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